Tous les dessins, croquis et aquarelles figurant dans ces pages, sauf mention contraire, sont réalisés exclusivement sur le motif avec parfois, pour des raisons climatiques ou temporelles, des finitions en atelier.
La plupart sont sur carnet, quelques uns sur papier libre et dans les deux cas ils ne sont pas libres de droit, merci de me demander l'autorisation de reproduction.

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samedi 20 avril 2013

Culture

Libreville, capitale du Gabon, autour de 800 000 âmes, où les plus grandes sociétés multinationales y sont représentées, les ambassades de presque tout ce que la terre compte comme drapeaux, avec tout le personnel associé, ou toute l'administration du pays y est concentrée, tous ces grands hommes fonctionnaires, toujours dévoués à la cause du peuple, près à tous les sacrifices pour le bonheur de leurs concitoyens..... Ok, j'exagère un peu !
Nous sommes quand même loin du bled de Lozère perdu dans la brume matinale, accroché sur les contreforts de l'Aubrac ou de la Margeride, et ou les hivers rigoureux coupent toutes voies de communications avec le reste de la planète, déjà peu fréquentées habituellement.

Et pourtant, …... Que la montagne est belle …..Non, je m'égare, enfin si, elle est belle mais ce n'est pas l'objet de mon post.
Et pourtant, …...Pas de salle de cinéma, pas de musée, pas de galerie d'art, pas d'office du tourisme, pas de salle d'exposition, pas d’événement culturel, ….. Non, je ne suis plus sur les plateaux du massif central, je suis revenu à Libreville, faudrait voir à suivre un peu !
Bon, ok, là aussi, j'exagère un peu, certains hôtels ou restos organisent des vernissages et des expos d'artisanat local, l'institut Français, Woaou ça jette, projette quelques films pour l'élite culturelle du pays, quelques conférences, quelques concerts et spectacles de danse.

Messieurs, soyons sérieux, on ne peut envisager une société épanouie faite de finances, même les États Unis l'ont compris, même la Chine, les Émirats... Ils ont tous des musées regorgeant de trésors de toutes origines et ouverts au public ! Pour un pays dont l'art a quand même inspiré les plus grands, je pense notamment aux demoiselles d'Avignon, il serait judicieux d'envisager entrer dans le 21° siècle et de mettre un peu d'art et de diversité culturelle dans la vie de la capitale.

Les artistes sont là, l'espace géographique aussi, les moyens financiers plus que suffisants, manque quoi ?
La … ? La … ? La ...volonté... ? Non, non, ce n'est pas un gros mot.....Politique !
La volonté politique ! C'est dit.

Mais je me plains constamment, direz vous, « jamais content qu'il est », « encore à râler sur tout... », « l'avait qu'à rester chez lui... » Après tout, vous pourriez le penser, et ne pourrais vous en empêcher, mais autant ôter tout doute chez qui le doute est ôtable.
Je suis très heureux d'être ici, comme beaucoup j'avais rêvé du continent, sans tomber dans les clichés si bien développés dans l’excellent article du Kenyan Binyavaga Wainaina (paru dans le courrier international de mars-avril-mai 2013 et que l'on peut retrouver ici : http://blog.slateafrique.com/cahier-nomade/2012/01/16/comment-ecrire-sur-l%E2%80%99afrique-binyavanga-wainaina-se-dechaine/ ).
Le pays est magnifique, d'une richesse et d'une diversité incroyable, les Gabonais accueillants, ouverts, curieux, l'aventure débute à chaque coin de rue, tout pour plaire. Mais c'est l'énorme contraste, on pourrait même parler de Caravagisme, avec la vie à la capitale qui ne peut que susciter des regrets et de l'amertume.

Je n'ai pas de solution à proposer et ne suis, ni même me sens, investi d'aucune mission, j'observe, c'est le propre du dessinateur, constate, montre du doigt certains points en croquant et aquarellant ce qui me semble intéressant.

Il suffit de lancer d'un post pour que les faits se bousculent et viennent contredire mes mots.

Semaine passée :

Mardi soir conférence sur l'énergie de demain,...thème intéressant, surtout ici dans ce pays pétrolifère pré-émergent, mais co-organisé par Total ! Et ce qui était prévisible c'est bien confirmé ....... 
Conférence quand même !

Vendredi lancement d'un livre "lettres noires" sur la littérature d'Afrique centrale proposé aux étudiants d'Afrique centrale. Débat intéressant sur les références culturelles des générations Gabonaises, passés et futures.

Samedi à l'occasion du 39° marathon de croquis (worldwide sketchcrawl) rencontre avec le peintre Gabonais Georges MBourou qui nous reçoit dans son atelier, avec des enfants de l'orphelinat SOS Mwana, nous montre ses œuvres en cours d'élaboration et parlons beaucoup, création artistique et processus de création, lumières et couleurs, figuration et abstraction, l'essence même de la peinture. Nous partageons la même vision des choses et il me confirme toutes mes impressions cités en début de post.
Encore une belle rencontre. J'ai bien noté son invitation à venir le retrouver dans son atelier, créer, parler, peindre et compte bien en profiter rapidement.

Le parc à huitres du cap
Dimanche on me présente un jeune artiste Gabonais plein d'énergie, on se prête nos carnets.....et toi tu fais comment ....tu utilises quel matériel .....échange de coordonnés....
Encore un avec qui il doit être possible de passer une journée sans même sentir le temps s'égrainer sous nos crayons.

Affaires à suivre !

mercredi 3 avril 2013

Errances

Jeudi matin, lors de ma demi journée hebdomadaire de liberté ou je n'ai que ma personne à gérer, ce qui est déjà assez compliqué mais avec laquelle j'arrive à m'accorder une bonne partie du temps éveillé, je me rends, avec mon véhicule, au centre ville, m’imprégner encore de la capitale et des gens qui l'habitent.

Après avoir déposé les troupes dans leurs établissements respectifs, je prends le chemin du bord de mer, ballade idyllique en apparence mais qui s'avère plus âpre et davantage rugueuse que la carte postale ne le laisserais supposer. Plus proche des Clash et des Ramones que de Didier Barbelivien, ce qui, a priori, n'est pas pour me déplaire.
Concentré sur la voie, tous les sens en éveils, prompt à éviter tous taxis, véhicules de police, 4x4 de luxes ou autre surgissant d'un stop, d'un feu rouge, d'un chemin, tantôt de la droite, de la gauche et même de par le haut s'ils le pouvaient !
Bien que toujours irrité et harassé par l'incivisme motorisé, je ne vais pas, ici, développer ce point déjà abordé dans un post précédent mais qui pourtant mériterait qu'un thésard y consacre son mémoire de fin d'études. 
J'arrive enfin à destination, sain et sauf, point de chute LA terrasse Librevilloise, l'incontournable, stratégiquement intéressante, surélevé, ombragé, venté, tout le confort nécessaire à l'inspiration, l'observation, la réflexion et même le dessin. 
Les hommes d'affaires y font des affaires, les politiques œuvrent au bien être de leurs concitoyens et le cireur, cire des pompes.....à moins que ce ne soit l'inverse !
Les choses ont l'air relativement simple, ici aussi chacun est a sa place (privilège francophile) l’ascenseur social, leurre cher à notre modèle d'école de la république, n'existe pas non plus sous l'équateur ou un système de castes verrouille bien la hiérarchie dirigeante.

Pendant ce temps l'Europe s'enfonce dans la crise, Chavez est enterré, les futurs cadres Gabonais préparent leur avenir et les marins pécheurs de l'estuaire s'essaient à l'art côtier.




Sinon, la terre tourne encore et c'est tant mieux !